La famille, lieu d’expression et de manifestation de l’amour

Publié le par Abbé Benoît Yélinhan HOUNTON


Le concile Vatican II appela la famille "fondement de la société", et son affaiblissement doit tous nous préoccuper (Gaudium et Spes, 52). En ce qui concerne la société civile, la famille acquiert son sens plein seulement à la lumière de l'Evangile.


Dans l’enseignement de Jésus une contradiction apparente transparait : On voit Jésus inviter au respect des parents : honores ton père et ta mère" (Marc 10, 17-19) et insister sur l’indissolubilité du mariage selon la volonté divine depuis l’origine (Marc 10, 5-12). Toutefois Jésus semble annonce annoncer qu’il n’est pas venu apporter la paix mais le glaive, qui divise les membres d'une même famille les uns des autres (Mathieu 10, 34-36, Luc 12, 51-53). Et Jésus déclare : "Si quelqu'un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu'à sa propre vie, il ne peut-être mon disciple" (Luc 14, 26).


La famille, appelée à être le lieu de la manifeste de l’amour, déposé en nous depuis toujours, ne saurait être le lieu du désordre, de tension et de guerre. L’homme est créé à l’image et ressemblance de Dieu qui est amour. C’est pourquoi la vocation première de tout être humain est d’aimer. Et tant que l’homme cherche à répondre fidèlement à cette vocation, la paix et l’harmonie règne toujours. « Quand il n'y a pas d'amour dans le monde, quand chacun regarde seulement son propre avantage, le monde ne reflète plus clairement l'amour de Dieu ». Le lieu par excellence où l’on doit apprendre à aimer et à vivre dans l’amour, c’est la famille. L’amour en lui-même paraît un mystère. Car on ne saurait expliquer pourquoi un être humain doit être aimé d’un autre.


L’amour est un don gratuit qui s’exprime librement. L’amour ne peut ni se forcer, ni s’acheter, c’est pourquoi un sentiment de joie, merveille et gratitude remplissent le cœur, quand on découvre qu’on est aimé. « Le mystère de l'amour exige une donation totale. On ne peut dire: "Je t'aime le temps que dure ton argent, ou bien tant que je trouve mon plaisir en toi". On ne peut dire: "Je t'aimerai pour cinq, dix ans". Et non plus: "Je t'aime, si tu es d'accord avec moi". Toutes ces conditions et ces limites disent clairement que le soi-disant "amoureux" est en train de chercher seulement son intérêt et non le bien de la personne aimée. Ce n'est pas de l'amour. L'amour exige un engagement total, jusqu'à la mort.». Cette donation totale sert de fondement à la famille. On peut alors facilement comprendre combien peut-être profonde la joie des époux chrétiens. Ceux-là peuvent s'aimer et conserver une fidélité réciproque même jusqu'à la mort.


L’amour conjugal, sanctionné par le mariage demeure vrai et durable à ce prix. Et tant que les époux vivent dans ce dynamisme, non à sens unique, la paix et le bonheur du couple est assuré. Un amour vrai dans suppose la réciprocité du don. Je me donne à lui et elle se donne à moi. L’amour à sens unique est menace de disparition, car dès que ce qui est donné n’existe plus, l’amour (si on peut ainsi parlé) meurt. Au fait, on ne parler de l’amour dans ce cas.


Le mariage chrétien catholique exprime le vrai caractère de l'amour au moyen de son indissolubilité. « Ce que Dieu a uni que l’homme ne le sépare pas ». Parce que Dieu a prononcé dans le temps sa définitive Parole d'Amour: Jésus-Christ, les Chrétiens peuvent également s'échanger dans le mariage leur parole de fidélité et d'amour durable. Grâce à la communication et au témoignage d'un amour indéfectible, la famille chrétienne, très justement, a été appelée "église domestique" par le Concile Vatican II (Gaudium et spes, 11) et par le pape Jean-Paul II (Familiaris Consortio, 49).


L'amour doit ouvrir toujours plus nos cœurs, jusqu'à l'amour infini de Dieu. Nous devrions aimer tout ce que Dieu aime. Plus explicitement, le Christ exigeait que tous les hommes le suivent. Il arrive parfois qu'un converti doit aller à l'encontre des désirs de sa propre famille, ou de l'éducation reçue, pour pouvoir embrasser la foi chrétienne. Ainsi un jeune pourra se trouver à affronter la résistance des parents pour pouvoir réaliser sa vocation religieuse. Les époux aussi resteront fidèles à leur engagement, même quand la famille ou les amis chercheront à les convaincre d'agir autrement.  Dieu doit valoir plus que n'importe quelle famille humaine, aussi bonne soit elle. Lui, étant l'amour infini qui désire partager avec nous sa propre vie, ne peut faire autrement que nous appeler à nous dépasser, à nous perdre, à mourir à nous-mêmes, pour que Son amour de ressuscité puisse remplir nos cœurs.


Si nous ne Lui ouvrons pas nos cœurs, si nous cherchons à réduire l'amour, alors nous le faisons suffoquer et nous finissons par le renier. Mais si l'amour de Dieu s'affirme en nous, alors nous commençons à aimer avec ses yeux. Ce qui nous semble perdu dans le sacrifice de nous même, nous est rendu avec une joie immense. Parce que, quand notre unique désir est de suivre le Christ crucifié, chaque bien que nous recevons nous le comptons comme un don pur, motif de joie et de gratitude éternelle. L'attitude du Christ, lequel "se vide de lui-même pour nous donner toute chose", devrait être aussi notre attitude (Philippiens 2, 5-11). Dieu est plus grand que nos cœurs, et pour pouvoir faire déborder nos cœurs, Il doit d'abord abattre les barrières de notre amour propre. Ensuite les réalités humaines pourront être aimées avec l'amour infini de Dieu, qui les créa et les sauva. C'est en cela que se manifeste le vrai sens du mariage. C’est à ce prix que la vraie paix régnera dans les familles et dans la société.

 

 

 

 

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