VI. LES ETAPES DANS LA CONNAISSANCE

Publié le par YELBH

CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE

VERITE ET SIGNIFICATION DE LA SEXUALITE HUMAINE :

[Appelés au vrai amour][Amour vrai et chasteté][Dans la perspectives de la vocation]
[Père et mère éducateurs][Itinéraires au sein de la famille][Etapes dans la connaissance]
[Orientations pratiques][Conclusions]

Des orientations pour l’éducation en famille

 

VI. LES ETAPES DANS LA CONNAISSANCE 

 

64.     Aux parents revient particulièrement l’obligation de faire connaître à leurs enfants les mystères de la vie humaine, parce que la famille « est le milieu le plus adapté pour assurer une éducation graduelle de la vie sexuelle. Elle possède une charge affective capable de faire accepter sans traumatismes les réalités les plus délicates et de les intégrer harmonieusement dans une personnalité équilibrée et riche ».31 Cette tâche première de la famille, que nous avons rappelée, comporte pour les parents le droit à ce que leurs enfants ne soient pas obligés d’assister à l’école à des cours sur ces matières qui seraient en désaccord avec leurs propres convictions religieuses et morales.32 Il est du devoir de l’école de ne pas se substituer à la famille mais, plutôt, « d’aider et de compléter l’oeuvre des parents, en fournissant aux enfants et aux jeunes une évaluation sur la « sexualité comme valeur et engagement de toute personne créée, homme et femme, à l’image de Dieu » ».33

A ce point de vue, rappelons ce que le Saint-Père enseigne dans Familiaris consortio: « l’Eglise s’oppose fermement à une certaine forme d’information sexuelle ne tenant aucun compte des principes moraux et si souvent diffusée aujourd’hui, qui ne serait rien d’autre qu’une introduction à l’expérience du plaisir et pousserait le jeune, parfois même à l’âge de l’innocence, à perdre la sérénité, en ouvrant la voie au vice ».34

Quatre principes généraux vont donc être d’abord proposés, et les différentes phases de développement de l’enfant seront ensuite examinées.


Quatre principes sur l’information en matière de sexualité


65.     1. Tout enfant est une personne unique et qui ne peut être répétée. Elle doit recevoir une formation adaptée. Parce que les parents connaissent, comprennent et aiment chacun de leurs enfants dans sa singularité, ils sont à la meilleure place pour décider du moment opportun de leur donner les différentes informations nécessaires, en fonction de leur niveau de croissance physique et spirituelle. Personne ne peut retirer aux parents consciencieux cette capacité de discernement.35


66.     Le processus de maturation de chaque enfant comme personne est différent, et de ce fait ce qui touche le plus à son intimité, tant biologique qu’affective, doit être transmis dans un dialogue personnalisé.36 Dans le dialogue avec chaque enfant, fait d’amour et de confiance, les parents communiquent quelque chose de leur propre donation, qui leur permet de témoigner des aspects de la dimension affective de la sexualité, aspects que l’on ne peut faire saisir autrement.


67.     L’expérience montre que ce dialogue se développe mieux quand le parent qui communique les informations biologiques, affectives, morales et spirituelles, est du même sexe que l’enfant ou le jeune. Conscients du rôle, des émotions, et des problèmes de leur propre sexe, les mères ont un lien spécial avec leurs filles et les pères avec leurs garçons. Il faut respecter ce lien naturel; de ce fait, le parent qui se trouve être seul doit se comporter avec une grande sensibilité lorsqu’il s’adresse sur ce sujet avec un enfant de l’autre sexe; il pourra préférer laisser à une personne de confiance du même sexe que l’enfant le soin de s’entretenir avec lui des détails plus intimes. Pour cette collaboration de caractère subsidiaire, les parents peuvent profiter de l’aide d’éducateurs experts et bien formés, dans le cadre de la communauté scolaire, paroissiale ou des associations catholiques.

 

68.     2. La dimension morale doit faire partie des explications données. Les parents doivent mettre en relief le fait que les chrétiens sont appelés à vivre le don de la sexualité selon le plan de Dieu qui est Amour, dans le cadre du mariage ou de la virginité consacrée ou encore du célibat.37 Il faut insister sur la valeur positive de la chasteté, et sur ses possibilités de générer un amour vrai vis-à-vis des personnes: ceci est l’aspect moral radical et le plus important de la chasteté. Seul celui qui sait être chaste sait aimer dans le mariage ou dans la virginité.

 

69.     Depuis son âge le plus tendre, les parents peuvent remarquer chez l’enfant des débuts d’activité génitale instinctive. Il ne faut pas juger répressif le fait de corriger avec douceur de telles habitudes qui pourraient devenir plus tard peccamineuses et d’enseigner la modestie lorsque cela deviendra nécessaire, au fur et à mesure de la croissance de l’enfant. Il est toujours important que le refus moral de certaines attitudes, contraires à la dignité de la personne et à la chasteté, soit justifié par des arguments adéquats, valides et convaincants tant sur le plan de la raison que sur celui de la foi, dans le cadre d’une perspective positive des choses et d’une conception élevée de la dignité personnelle. Bien des admonestations données par les parents sont de simples reproches ou recommandations que les enfants perçoivent comme fruits de la peur des conséquences sociales ou de la réputation publique, plus que d’une attention affectionnée à leur vrai bien. « Je vous encourage à corriger de toutes vos forces les vices et les passions qui nous assaillent à chaque âge. Parce que si, en quelqu’âge de la vie que ce soit, nous menons notre barque en méprisant les valeurs de la vertu et en expérimentant de ce fait des naufrages constants, nous risquons d’arriver au port vides de toute cargaison spirituelle ».38

 

70.     3. La formation à la chasteté et les informations opportunes sur la sexualité doivent se placer dans le cadre plus large de l’éducation à l’amour. Il ne suffit donc pas de communiquer des informations sur les relations sexuelles associées à des rappels de principes moraux objectifs. Il faut encore prodiguer une aide constante pour aider à la croissance de la vie spirituelle des enfants, afin que le développement biologique et les pulsions qu’ils commencent à ressentir se trouvent toujours accompagnées d’un amour croissant pour Dieu Créateur et Rédempteur et d’une conscience toujours plus grande de la dignité de chaque personne humaine et de son corps. A la lueur du mystère du Christ et de l’Eglise, les parents peuvent illustrer les valeurs positives de la sexualité humaine dans le contexte de la vocation originelle de la personne à l’amour et de l’appel universel à la sainteté.

 

71.     Dans les conversations avec les enfants, il convient donc de toujours donner des conseils adéquats pour les aider à croître dans l’amour de Dieu et du prochain et à surmonter les difficultés: « la discipline des sens et de l’esprit, la prudence attentive à éviter les occasions de chute, la garde de la pudeur, la modération dans les divertissements, de saines occupations, le recours fréquent à la prière et aux sacrements de Pénitence et d’Eucharistie. La jeunesse, surtout, doit avoir le souci de développer sa piété envers l’Immaculée Mère de Dieu ».39

 

72.     Pour éduquer les enfants à bien savoir évaluer les lieux qu’ils fréquentent avec un sens critique et une véritable indépendance d’esprit, comme pour les habituer à user de façon détachée des mass media, les parents devront toujours leur présenter des modèles positifs et les façons adéquates de mettre en service leurs énergies vitales, et leur sens de l’amitié et de la solidarité dans le vaste champ de la société et de l’Eglise.

Devant des tendances et des attitudes déviantes, qui requièrent grande prudence et grande attention afin de bien distinguer et évaluer les situations, les parents sauront avoir recours à des spécialistes à la formation scientifique et morale sûre afin d’en identifier les causes par delà les symptômes, et d’aider avec sérieux et clarté les sujets à surmonter leurs difficultés. L’action pédagogique doit être alors davantage orientée sur les causes que sur la répression directe du phénomène,40 cherchant aussi, si cela est nécessaire, l’aide de personnes qualifiées, médecins, pédagogues, psychologues de sensibilité chrétienne droite.

 

73.     L’objectif de l’oeuvre éducative est, pour les parents, de transmettre à leurs enfants la conviction que la chasteté est possible dans leur état de vie propre et qu’elle apporte la joie. La joie vient de la conscience de la maturation et de l’harmonie de sa propre vie affective, qui, étant don de Dieu et don de l’amour, permet de réaliser le don de soi dans le cadre de sa propre vocation. L’homme en fait, unique créature sur la terre voulue de Dieu pour elle-même, « ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même ».41 « Le Christ a donné des lois pour tous... Je ne t’interdis pas de te marier, pas plus que je ne m’oppose à ce que tu aies du plaisir. Je désire seulement que tu agisses avec tempérance, sans impudicité, sans fautes ni péchés. Je ne fais pas une loi de ce que vous devriez fuir aux montagnes et aux désert, mais que vous soyez droits, bons, modestes et chastes tout en vivant au coeur des cités ».42

 

74.     L’aide de Dieu ne nous manque jamais, si chacun fait l’effort nécessaire pour correspondre à la grâce de Dieu. Aidant, formant et respectant la conscience des enfants, les parents doivent veiller à ce qu’ils fréquentent en pleine conscience les sacrements, les guidant par leur propre exemple. Si les enfants et les jeunes expérimentent les effets de la grâce et de la miséricorde de Dieu dans les sacrements, ils seront en mesure de bien vivre la chasteté comme un don de Dieu, pour Sa gloire et pour L’aimer, Lui et les autres hommes. Une aide nécessaire et efficace surnaturellement est offerte par la fréquentation du sacrement de la Réconciliation, particulièrement si l’on peut bénéficier du même confesseur. L’assistance ou direction spirituelle, même s’il n’est pas obligatoire qu’elle coïncide avec le rôle du confesseur, constitue une aide précieuse pour l’illumination progressive des étapes de la maturation et pour le soutien moral.

La lecture de livres de formation bien choisis et conseillés est d’une grande aide à la fois parce qu’elle offre une formation plus large et profonde et parce qu’elle fournit des exemples et des témoignages sur le chemin de la vertu.

 

75.     Une fois identifiés les objectifs de l’information à donner, il faut en préciser les moments et les modalités, en partant de la petite enfance.

4. Les parents doivent délivrer cette information avec une extrême délicatesse, mais de façon claire et au moment opportun. Ils savent bien que les enfants doivent être traités d’une façon personnalisée, selon leurs conditions propres de développement physiologique et psychique et en tenant compte aussi de l’ambiance culturelle où vit l’adolescent et de l’expérience qu’il fait dans le quotidien. Pour bien évaluer ce qu’ils doivent dire à chacun, il est très important qu’ils commencent par demander la lumière du Seigneur dans la prière et qu’ils en parlent ensemble, afin que leurs paroles ne soient ni trop explicites ni trop vagues. Donner trop de détails aux enfants est contre-productif, mais retarder de façon excessive le moment des premières informations est imprudent parce que toute personne humaine a une curiosité naturelle à ce sujet et commence à s’interroger à un moment ou à un autre, surtout dans une culture où l’on ne peut voir que trop de choses, même en public.

 

76.     En général les premières informations à propos de la vie sexuelle à donner à un petit enfant ne regardent pas la génitalité mais la grossesse et la naissance d’un frère ou d’une soeur. La curiosité naturelle de l’enfant est mise en éveil par exemple lorsqu’il remarque sur sa mère les signes de la grossesse et vit l’attente d’un enfant. Les parents peuvent profiter de cette joyeuse expérience pour communiquer à leur enfant quelques faits simples sur la grossesse, mais toujours dans le contexte plus profond de l’émerveillement devant l’oeuvre créative de Dieu, qui dispose que la nouvelle vie qu’Il donne soit gardée dans le corps de la maman, près de son coeur.

 

Les principales étapes du développement de l’enfant

 

77.     Il est important que les parents fassent attention aux besoins de leurs enfants aux différentes phases de leur développement. Tenant compte du fait que tout enfant doit recevoir une formation individualisée, ils peuvent adapter les étapes de l’éducation à l’amour aux besoins particuliers de chaque enfant.

 

1. Les années de l’innocence

 

78.     De l’âge de cinq ans jusqu’à la puberté  ; dont le début peut être assigné aux premières modifications affectant le corps du garçon ou de la fille (effet visible d’une élevation de la production des hormones sexuelles)  ; on dit que l’enfant est dans la phase des « années de l’innocence »,43 selon l?expression de Jean-Paul II. Cette période de tranquillité et de sérénité ne doit en aucun cas être troublée par une information sexuelle que rien ne nécessite. Dans ces années, avant qu’un développement sexuel physique ne se manifeste, il est normal que les intérêts de l’enfant soient tournés vers d’autres aspects de la vie. La sexualité rudimentaire instinctive du nouveau-né a disparu. Les garçonnets et les fillettes de cet âge ne sont pas particulièrement intéressés par les questions sexuelles et préfèrent fréquenter des enfants de leur propre sexe. Pour ne pas troubler cette importante phase naturelle de la croissance, les parents reconnaîtront qu’une formation prudente à l’amour chaste dans cette période doit être indirecte, en préparation à la puberté où l’information directe sera nécessaire.

 

79.     Dans cette phase de développement, l’enfant se trouve normalement à l’aise avec son corps et ses fonctions. Il accepte la nécessité de la modestie dans la façon de s’habiller et dans le comportement. Tout en étant conscient des différences physiques entre les deux sexes, l’enfant qui grandit montre en général peu d’intérêt pour les fonctions génitales. La découverte du merveilleux du créé, qui accompagne cette période et les expériences en ce sens faites à la maison et à l’école devront être orientées vers l’accueil de la catéchèse et l’approche des sacrements, dans le cadre de la communauté ecclésiale.

 

80.     Cette période de l’enfance n’est pas cependant sans signification sur le plan du développement psycho-sexuel. Le garçonnet ou la fillette qui grandit apprend, de l’exemple des adultes et de l’expérience familiale, ce que signifie être une femme ou un homme. On ne doit certes pas décourager les expressions de tendresse naturelle et de sensibilité de la part des garçons, ni exclure les filles des fortes activités physiques. D’un autre côté, cependant, dans certaines sociétés soumises à des pressions idéologiques, les parents doivent se garder de tomber dans une opposition exagérée à ce qui a été défini comme une « stéréotypisation des rôles ». On ne doit pas ignorer ou minimiser les différences effectives qui existent entre les sexes. Dans une saine ambiance familiale, les enfants apprendront qu’il est naturel qu’à cette différence des sexes corresponde une certaine différence dans les rôles familiaux et domestiques respectifs des hommes et des femmes.

 

81.     Durant cette phase, les filles développent en général un intérêt de type maternel pour les nourrissons, la maternité et la tenue de la maison. Prenant constamment pour modèle la Maternité de la Très Sainte Vierge elles devront être encouragées à valoriser leur féminité.

 

82.     Un garçon, durant cette période, se trouve à un moment relativement paisible de son développement. Ce temps est souvent le plus propice à l’établissement d’un bon rapport entre lui et son père. Il devrait alors apprendre que sa masculinité, qu’il doit certes considérer comme un don de Dieu, n’est pas la marque d’une supériorité par rapport à la féminité, mais un appel de Dieu à assumer certains rôles et responsabilités. On doit détourner le garçonnet de toute propension à l’agressivité ou de toute attention excessive aux prouesses physiques comme gages de virilité.

 

83.     Certains problèmes touchant à l’information morale et sexuelle peuvent se poser durant cette période de l’enfance. En effet, aujourd’hui, dans certaines sociétés, des programmes sont mis en oeuvre de façon planifiée et déterminée qui visent à imposer une information sexuelle prématurée aux jeunes enfants. A ce stade de leur développement, ceux-ci ne sont pas encore en état de saisir pleinement la valeur de la dimension affective de la sexualité. Ils ne peuvent pas comprendre et gérer l’image sexuelle dans un contexte adéquat de principes moraux. Ils ne peuvent donc intégrer cette information sexuelle prématurée en la liant à la responsabilité morale. Ces informations tendent de ce fait à altérer leur développement émotionnel et éducatif et à troubler la sérénité naturelle de cette période de vie. Les parents doivent donc s’opposer avec gentillesse mais aussi avec fermeté aux tentatives de violer l’innocence de leurs enfants, car ces tentatives compromettent le développement spirituel moral et émotif des personnes en croissance qui ont un droit à ce temps d’innocence.

 

84.     Une autre difficulté surgit lorsque les enfants reçoivent une première information sexuelle par les mass media ou par des pairs qui ont pu être dévoyés ou qui ont reçu une éducation sexuelle précoce. Les parents devront alors commencer à délivrer une information sexuelle soigneusement délimitée, habituellement pour corriger une information immorale erronée ou pour contrôler un langage obscène.

 

85.     Les violences sexuelles vis-à-vis des enfants ne sont pas rares. Les parents doivent protéger leurs enfants, avant tout en les éduquant à la modestie et à la réserve vis-à-vis des personnes inconnues, et aussi par une information sexuelle adéquate, sans toutefois entrer dans les détails et particularités qui pourraient les troubler ou les effrayer.

 

86.     Dans les premières années de la vie comme dans l’enfance, les parents doivent encourager chez leurs enfants l’esprit de collaboration, l’obéissance, la générosité et l’abnégation, et favoriser leur capacité de réflexion sur soi et de sublimation. En fait, une caractéristique de cette période de développement est l’attraction que les enfants ressentent vis-à-vis des activités intellectuelles: l’usage de la réflexion intellectuelle permet d’acquérir la force et la capacité de contrôler la réalité environnante et, dans le proche futur, les pulsions provenant du corps, en les tournant vers des activités intellectuelles et rationnelles.

Le garçon indiscipliné et vicieux est enclin à une certaine immaturité et à une certaine faiblesse morale dans le futur parce qu’une personne qui laisse se développer en elle des habitudes d’égoïsme ou de désordre a des difficultés à rester chaste et à se comporter vis-à-vis des autres avec intérêt et respect. Les parents doivent présenter à l’enfant des standards objectifs de ce qui est juste et de ce qui est erroné, constituant ainsi un sûr cadre moral de vie.

 

2. La puberté

 

87.     La puberté, qui constitue la phase initiale de l’adolescence, est un moment dans lequel les parents sont appelés à être particulièrement attentifs à l’éducation chrétienne de leurs enfants: « c’est le temps de la découverte de soi-même et de son propre univers intérieur, le temps des projets généreux, le temps où jaillit le sentiment de l’amour, avec les impulsions biologiques de la sexualité, le temps du désir d’être ensemble, le temps d’une joie particulièrement intense, liée à la découverte enivrante de la vie. Mais c’est souvent aussi l’âge des interrogations plus profondes, des recherches angoissées, voire frustrantes, d’une certaine méfiance à l’égard des autres avec de dangereux repliements sur soi, l’âge parfois des premiers échecs et des premières amertumes ».44

 

88.     Les parents doivent être particulièrement attentifs à l’évolution de leurs enfants et à leurs transformations physiques et psychiques, décisives dans la maturation de la personnalité. Sans montrer d’anxiété, de peur et de préoccupation excessive, ils ne se laisseront toutefois pas bloquer dans leur intervention par la couardise et la commodité. Cette période est évidemment importante dans l’éducation à la valeur de la chasteté; la façon de donner alors des informations sur la sexualité doit donc être en rapport. Dans cette période, la demande éducative concerne aussi la génitalité et en requiert donc la présentation, tant sur le plan des valeurs que sur celui de la réalité globale; cela implique, en outre, la compréhension du contexte relatif à la procréation, au mariage et à la famille, contexte qui doit être tenu présent à l’esprit dans une oeuvre authentique d’éducation sexuelle.45

 

89.     A partir du moment où débutent les modifications que filles et fils ressentent dans leur corps, les parents sont tenus de leur donner des explications plus détaillées sur la sexualité, dans une relation de confiance et d’amitié, chaque fois que les filles se confient à leur mère et les garçons à leur père. Pour pouvoir fonctionner à ce moment, ce rapport essentiel de confiance et d’amitié a du être instauré dès les premières années de la vie de l’enfant.

 

90.     Les parents ont la tâche importante d’accompagner l’évolution physiologique de leurs filles en les aidant à accueillir avec joie le développement de leur féminité dans le sens corporel, psychologique et spirituel.46 On pourra normalement aborder la question des cycles de fertilité et de leur signification; il ne sera pourtant pas encore nécessaire, à moins que cela ne soit demandé de façon explicite, de donner des explications détaillées sur l’union sexuelle.

 

91.     Il est très important d’aider les adolescents de sexe masculin à comprendre les étapes du développement physique et physiologique des organes génitaux, avant qu’ils ne reçoivent ces informations de compagnons de jeux ou de personnes aux intentions troubles. La présentation des faits physiologiques de la puberté masculine sera faite de façon sereine, positive et avec réserve, dans le cadre du mariage, de la famille et de la paternité. L’instruction tant des adolescentes que des adolescents devra aussi comprendre une partie informative suffisamment détaillée sur les caractéristiques somatiques et psychologiques de l’autre sexe, objet de la principale curiosité.

Dans ce domaine, les parents peuvent être aidés par l’information supplémentaire donnée par un médecin consciencieux ou même par un psychologue, sans séparer ces informations de la référence à la foi et au travail éducatif du prêtre.

 

92.     C’est à travers un dialogue confiant et ouvert que les parents pourront non seulement guider leurs filles dans la gestion de leurs perplexités émotives, mais encore soutenir la valeur de la chasteté chrétienne dans leurs considérations sur l’autre sexe. L’instruction tant des filles que des garçons doit viser à mettre en relief la beauté de la maternité et la réalité merveilleuse de la procréation, comme aussi la profonde signification de la virginité. Ils seront ainsi aidés à refuser la mentalité hédoniste environnante et, en particulier, à ne pas entrer, à un moment si décisif de leur vie, dans la « mentalité contraceptive » malheureusement si répandue, à laquelle les filles devront s’affronter plus tard, au moment du mariage.

 

93.     Durant la puberté, le développement psychique et émotif du garçon peut le rendre vulnérable aux fantaisies érotiques et il peut être tenté de faire des expériences sexuelles. Les parents devront être proches de leurs fils, et corriger la tendance à user de la sexualité sur un mode hédoniste et matérialiste. Ils leur rappeleront que celle-ci est un don de Dieu, reçu pour coopérer avec Lui afin de « réaliser, tout au long de l’histoire... la bénédiction de Dieu à l’origine, en transmettant l’image divine d’homme à homme, dans l’acte de la génération »; et ils les renforceront ainsi dans la conscience que « la fécondité est le fruit et le signe de l’amour conjugal, le témoignage vivant de la pleine donation réciproque des époux ».47 De cette façon, les fils apprendront le respect dû à la femme. L’oeuvre d’instruction et d’information des parents est de fait nécessaire, non pas parce que les fils ne pourraient connaître autrement les réalités sexuelles, mais afin qu’ils les connaissent sous un juste éclairage.

 

94.     Les parents doivent réaliser de façon positive et prudente ce que demandaient ainsi les Pères du Concile Vatican II: « Il faut instruire à temps les jeunes, et de manière appropriée, de préférence au sein de la famille, sur la dignité de l’amour conjugal, sa fonction, son exercice: ainsi formés à la chasteté, ils pourront, le moment venu, s’engager dans le mariage après des fiançailles vécues dans la dignité ».48

Cette information positive sur la sexualité sera toujours inscrite dans un projet de formation, pour créer ce contexte chrétien dans lequel doivent être données toutes les informations concernant la vie et l’activité sexuelle, l’anatomie et l’hygiène. Les dimensions spirituelles et morales doivent donc être prévalentes avec deux objectifs précis: présenter les commandements de Dieu comme chemin pour la vie et former une conscience droite.

Au jeune homme qui lui demandait ce qu’il devait faire pour obtenir la vie éternelle, Jésus a répondu: « si tu veux entrer dans la vie, observe les Commandements » (Mt 19, 17); et après avoir énoncé ceux qui concernent l’amour pour le prochain, il les résuma dans cette formule positive: « aime ton prochain comme toi-même » (Mt 19, 19). Présenter les commandements comme don de Dieu (écrits par le doigt de Dieu, cf. Ex 31, 18) et expression de l’Alliance avec Lui, confirmés par Jésus avec son propre exemple, est très important pour l’adolescent afin qu’il ne les sépare pas de leur relation à une vie intérieurement riche et libérée des égoïsmes.49

 

95.     La formation de la conscience demande, comme point de départ, d’avoir été éclairé sur le projet d’amour que Dieu a pour chaque personne et sur la valeur positive et libérante de la loi morale. Elle requiert la conscience tant de la fragilité induite par le péché dans le coeur de l’homme que des moyens par lesquels la grâce de Dieu remet l’homme sur le chemin du bien et du salut.

« Présente au coeur de la personne, la conscience morale » qui est le « centre le plus secret de l’homme », son « sanctuaire », comme le dit le Concile Vatican II50 « lui enjoint, au moment opportun, d’accomplir le bien et d’éviter le mal. Elle juge aussi les choix concrets, approuvant ceux qui sont bons, dénonçant ceux qui sont mauvais. Elle atteste l’autorité de la vérité en référence au Bien suprême dont la personne humaine reçoit l’attirance et accueille les commandements ».51

En fait « la conscience morale est un jugement de la raison par lequel la personne humaine reconnaît la qualité morale d’un acte concret qu’elle va poser, est en train d’exécuter ou a accompli ».52 La formation de la conscience demande à ce qu’elle soit éclairée sur la vérité et le plan de Dieu et on ne saurait la confondre avec un vague sentiment subjectif ou sa propre opinion personnelle.

 

96.     Lorsqu’ils répondent aux questions de leurs enfants, les parents doivent offrir des arguments bien raisonnés sur la grande valeur de la chasteté et montrer la faiblesse intellectuelle et humaine des théories qui inspirent les attitudes permissives et hédonistes. Ils répondront avec clarté, sans donner une importance excessive aux problématiques sexuelles pathologiques. Ils ne donneront pas non plus la fausse impression que la sexualité est quelque chose de honteux ou de sale, car elle est un don de Dieu, qui a mis dans le corps humain la capacité générative qui le rend participant à son pouvoir créateur. De fait, aussi bien dans l’Ecriture Sainte (cf. Ct 1-8; Os 2; Jr 3, 1-3, Ez 23, etc..) que dans la tradition mystique chrétienne,53 l’amour conjugal a été toujours regardé comme un symbole et une image de l’amour de Dieu pour les hommes.

 

97.     Parce que durant la puberté un garçon ou une fille est particulièrement vulnérable aux influences émotives, les parents ont le devoir, dans le dialogue et l’exemple, d’aider leurs enfants à résister aux influences négatives venant de l’extérieur qui pourraient les porter à sous-estimer la formation chrétienne à l’amour et à la chasteté. Parfois, en particulier dans la société en proie au consumérisme, les parents devront, sans le faire trop remarquer, faire attention aux rapports entre leurs enfants et les jeunes de sexe différent. Mêmes si elles sont acceptées socialement, il y a des façons de parler et de s’habiller qui sont moralement incorrectes et représentent une façon de banaliser la sexualité, la réduisant à un objet de consommation. Les parents doivent donc enseigner à leurs enfants la valeur de la modestie chrétienne, d’un habillement sobre, de la nécessaire liberté vis-à-vis des modes, toutes caractéristiques d’une personnalité masculine ou féminine mûre.54

 

3. L’adolescence dans le plan de vie

 

98.     L’adolescence représente, dans le développement du sujet, la période de projection de soi et donc de la découverte de sa propre vocation: une telle période tend à être aujourd’hui  ; tant pour des raisons physiologiques que pour des motifs sociologiques et culturels  ; plus longue que dans le passé. Les parents chrétiens doivent « former les enfants à la vie pour permettre à chacun d’accomplir en plénitude son devoir selon la vocation qu’il a reçue de Dieu ».55 Il s’agit d’une tâche importante, qui constitue en définitive le sommet de leur mission de parents. Si elle est importante, elle le devient encore plus à ce moment de la vie de leurs enfants: « Dans la vie de chaque fidèle laïc, il y a, en outre, des moments particulièrement significatifs et décisifs pour discerner l’appel de Dieu... Parmi ces moments, il y a le temps de l’adolescence et de la jeunesse ».56

 

99.     Il est très important que les jeunes ne se retrouvent pas seuls pour discerner leur vocation personnelle. A ce point de vue, le conseil des parents est important, parfois décisif, de même que le soutien d’un prêtre ou d’une autre personne formée de façon adéquate  ; dans les paroisses, les associations, les nouveaux et féconds mouvements ecclésiaux, etc...  ; capables de les aider à découvrir le sens vocationnel de l’existence et les différentes formes de l’appel universel à la sainteté, car « le « suis-moi » du Christ se fait entendre sur diverses routes, au long desquelles cheminent les disciples et ceux qui confessent le divin Rédempteur ».57

 

100.   Pendant des siècles, le concept de vocation a été réservé exclusivement au sacerdoce et à la vie religieuse. Le Concile Vatican II, rappelant l’enseignement du Seigneur  ; « Soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait » (Mt 5, 48)  ; a renouvelé l’appel universel à la sainteté:58 « Cette forte invitation à la sainteté  ; écrivait peu après Paul VI  ; peut être considérée comme l’élément le plus caractéristique de tout le magistère conciliaire et, pour ainsi dire, comme sa fin ultime ».59 Cette invitation a été renouvelée par Jean-Paul II en ces termes: « Sur la vocation universelle à la sainteté, le Concile Vatican II s’est exprimé en termes lumineux. On peut affirmer que c’est l’orientation principale qui a été fixée pour les fils et les filles de l’Eglise, par ce Concile voulu pour le renouvellement évangélique de la vie chrétienne.60 Cette orientation n’est pas une simple exhortation morale, mais une exigence incontournable du mystère de l’Eglise ».61

Dieu appelle à la sainteté tous les hommes et, pour chacun d’entre eux, a des plans bien précis: une vocation personnelle que chacun doit reconnaître, accueillir et développer. A tous les chrétiens  ; prêtres et laïcs, mariés et célibataires  ; s’appliquent les paroles de l’Apôtre des gentils: « élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés » (Col 3, 12).

 

101.   Il est donc nécessaire que, dans la catéchèse et dans la formation donnée dans et hors de la famille, l’enseignement de l’Eglise ne manque jamais, non seulement sur la haute valeur de la virginité et du célibat,62 mais aussi sur le sens vocationnel du mariage, qui ne peut jamais être considéré par un chrétien comme une simple affaire humaine. « Ce mystère est de grande portée: je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Eglise » disait saint Paul à son sujet (Ep 5, 32). Donner aux jeunes cette ferme conviction, de portée transcendante pour le bien de l’Eglise et de l’humanité « dépend en grande partie des parents et de la vie de famille qu’ils construisent dans leurs foyers ».63

 

102.   Les parents doivent toujours s’employer à donner l’exemple et le témoignage », par leur propre vie, de la fidélité à Dieu et de la fidélité à l’autre dans l’alliance conjugale. Leur exemple est particulièrement décisif pour l’adolescence, car c’est le moment où les jeunes cherchent des modèles vécus et attirants de conduite

. Comme c’est alors que les problèmes relatifs à la sexualité se font plus pressants, les parents doivent aussi aider leurs enfants à aimer la beauté et la force de la chasteté. Ils sauront, par des conseils prudents, mettre en lumière la grande valeur, pour bien vivre cette chasteté, de la prière et de la réception fréquente et fructueuse des sacrements, en particulier de la confession personnelle. Ils devront en outre être en mesure de donner à leurs enfants, en fonction des nécessités, une explication positive et sereine des points forts de la morale chrétienne, comme, par exemple, l’indissolubilité du mariage, le rapport entre amour et procréation, l’immoralité des rapports prématrimoniaux, de l’avortement, de la contraception et de la masturbation. En ce qui concerne ces actions immorales qui contredisent le sens de la donation conjugale, il sera bon de rappeler que « les deux dimensions de l’union conjugale, l’union et la procréation, ne peuvent être séparées artificiellement sans altérer la vérité intime de l’acte conjugal ».64 La connaissance approfondie et méditée des documents de l’Eglise traitant de ces problèmes sera d’une aide précieuse pour les parents.65

 

103.   La masturbation constitue en particulier un désordre grave, illicite en luimême, qui ne peut être moralement justifié, même si « l’immaturité de l’adolescence, qui peut parfois se prolonger au-delà de cet âge, le déséquilibre psychique ou l’habitude prise peuvent influer sur le comportement, atténuant le caractère délibéré de l’acte et faire que, subjectivement, il n’y ait pas toujours faute grave ».66 Les adolescents ont donc besoin qu’on les aide à dépasser de telles manifestations de désordre qui sont fréquemment l’expression des conflits internes propres à leur âge, et, bien souvent, celle d’une vision égoïste, repliée sur elle-même, de la sexualité.

 

104.   Un problème particulier, qui peut se manifester au cours du processus de maturation-identification sexuelle, est celui de l’homosexualité, qui se diffuse toujours davantage dans les sociétés urbanisées. Ce phénomène doit être présenté avec un jugement équilibré, à la lumière des documents de l’Eglise.67 Les jeunes doivent être aidés à distinguer ce qui est normal de ce qui est anormal, ce qui est faute subjective et ce qui est désordre objectif, en évitant ce qui pourrait entraîner de l’hostilité, tout en clarifiant bien l’orientation structurale et complémentaire de la sexualité dans son rapport aux réalités du mariage, de la procréation et de la chasteté chrétienne. « L’homosexualité désigne les relations entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes du même sexe. Elle revêt des formes très variables à travers les siècles et les cultures. Sa genèse psychique reste largement inexpliquée ».68 Il convient de distinguer la tendance qui peut être innée et les actes d’homosexualité qui « sont intrinsèquement désordonnés »69 et contraires à la loi naturelle.70

Bien des cas, particulièrement quand la pratique des actes homosexuels ne s’est pas encore structurée, peuvent réagir positivement à une thérapie appropriée. De toutes façons, les personnes qui sont dans cette condition doivent être accueillies avec respect et délicatesse, évitant toute forme d’injuste discrimination envers elles. Les parents quant à eux, s’ils viennent à noter l’apparition de telles tendances ou de comportements correspondants chez leur enfant, dans l’enfance ou l’adolescence, devront demander l’aide de personnes expertes et qualifiées afin de mettre en jeu toute l’assistance possible.

Pour la plupart des personnes homosexuelles, cette condition est une épreuve. Elles « doivent être » accueillies « avec respect, compassion et délicatesse.

On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la Croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition ».71 « Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté ».72

 

105.   La prise de conscience de la signification positive de la sexualité, dans la visée de l’harmonie individuelle et du développement de la personne, et en relation avec la vocation du sujet dans la famille, la société et l’Eglise, doit représenter l’horizon éducatif que l’on tient présent à toutes les étapes du développement de l’adolescent. On ne doit jamais oublier que l’usage désordonné du sexe tend à détruire progressivement la capacité d’aimer de la personne, faisant du plaisir  ; au lieu et place du don sincère de soi  ; la fin de la sexualité et réduisant les autres personnes à la dimension d’objets de sa propre gratification: il affaiblit de cette façon aussi bien le sens du véritable amour entre l’homme et la femme  ; toujours ouvert à la vie  ; que le sens de la famille elle-même et porte ensuite au mépris de la vie humaine qui pourrait être conçue dans cet amour, la considérant comme un mal qui vient menacer dans certaines situations le plaisir personnel.73 « La banalisation de la sexualité figure parmi les principaux facteurs qui sont à l’origine du mépris pour la vie naissante: seul un amour véritable sait préserver la vie ».74

 

106.   Il faut aussi rappeler comment, dans les sociétés économiquement développées, les adolescents sont préoccupés et parfois perturbés non seulement par les questions de l’identité de soi, de la recherche de leur plan dans la vie, et de l’intégration de la sexualité dans une personnalité mûre et bien orientée, mais encore par l’acceptation de soi et de son corps. Il se crée des centres spécialisés de consultation et de cure pour adolescents souvent caractérisés par des conceptions purement hédonistes. Une saine culture du corps, conduisant à s’accepter soi-même comme don et incarnation d’un esprit appelé à l’ouverture à Dieu et à la société devra accompagner la formation durant cette période hautement constructive mais certes non dénuée de risques.

Face aux propositions des groupes hédonistes, en particulier dans les sociétés du bien-être, il est très important de faire valoir aux jeunes les idéaux de solidarité humaine et chrétienne et de leur indiquer les modalités concrètes pour s’engager dans les associations et les mouvements d’Eglise et dans le bénévolat catholique et missionnaire.

 

107.   Les amitiés sont très importantes dans cette période. Suivant les conditions et les usages sociaux du lieu où ils vivent, l’adolescence est un temps où les jeunes jouissent d’une plus grande autonomie dans leur rapports avec les autres et vis-à-vis des horaires de la vie de famille. Sans restreindre leur juste autonomie, les parents doivent savoir dire non à leurs enfants lorsque cela est nécessaire75 et en même temps cultiver chez eux le goût de ce qui est beau, noble et vrai. Ils doivent aussi faire attention à l’estime de soi de l’adolescent, qui peut passer au travers d’une phase de confusion lorsqu’il devient incertain à propos de la dignité personnelle et de ses exigences.

 

108.   Par des conseils affectueux et patients, les parents aideront les jeunes à éviter un excessif repli sur soi. Ils leur enseigneront, lorsque cela sera nécessaire, à aller à contre-courant des habitudes sociales qui étouffent le véritable amour et portent à mépriser les réalités de l’esprit: « Soyez sobres, veillez! Votre adversaire le démon rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi, sachant que c’est le même genre de souffrance que la communauté des frères, répandue dans le monde, supporte. Quand vous aurez un peu souffert, le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés à sa gloire éternelle, dans le Christ, vous rétablira lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables » (1 P 5, 8-10).

 

4. Vers l’âge adulte

 

109.   Il n’est pas dans l’intention de ce document d’entrer dans le sujet de la préparation proche et immédiate au mariage, telle qu’elle est requise pour la formation chrétienne et particulièrement recommandée par les nécessités du temps et l’enseignement de l’Eglise.76 On doit cependant avoir présent à l’esprit que la mission des parents ne s’achève pas avec l’atteinte de la majorité par leur enfant, à un âge qui varie d’ailleurs selon les cultures et les législations. De particulière importance pour les jeunes sont les moments de l’entrée dans le monde du travail ou dans les établissements d’enseignement supérieur, avec la mise en contact  ; parfois brutale, mais parfois aussi bénéfique  ; avec des modes de conduite différents et des circonstances qui représentent un véritable défit personnel.

 

110.   Les parents, en maintenant ouvert un dialogue confiant capable d’encourager le sens de la responsabilité de leurs enfants tout en respectant leur nécessaire et légitime autonomie, resteront pour eux un point de référence, tant par le conseil que par l’exemple, en sorte que le processus de plus large socialisation qu’ils expérimentent permette un mûrissement achevé de leur personnalité, bien intégrée au dedans comme au dehors. Il faudra en particulier faire attention à ce que les enfants n’abandonnent pas leur rapport de foi avec l’Eglise et les activités d’Eglise mais au contraire l’intensifient; qu’ils sachent se choisir des maîtres à penser et des modèles de vie; et qu’ils soient capables de s’engager comme chrétiens dans le champ culturel et social, sans crainte de professer leur foi, sans perdre le sens de leur vocation et sans abandonner la recherche de leur appel spécifique.

Dans la période qui conduit aux fiançailles et au choix de cet attachement préférentiel qui peut amener à la formation d’une famille, le rôle des parents ne devra pas se limiter à de simples interdictions et encore moins à l’imposition d’un fiancé ou d’une fiancée. Ils devront plutôt aider leurs enfants à discerner les conditions qui permettent de parler d’un lien sérieux, honnête et prometteur et ils devront les soutenir sur le chemin d’un témoignage clair et cohérent de foi chrétienne dans le rapport avec la personne de l’autre sexe.

 

111.   Les parents devront éviter de prendre à leur compte la mentalité assez répandue qui veut que l’on prodigue aux filles toutes recommandations en termes de vertu et de valeur de la virginité cependant qu’on ne demande rien de semblable aux garçons, comme si tout leur était permis.

La recommandation de saint Paul aux Philippiens vaut pour la conscience chrétienne et la conception relative du mariage et de la famille quelque soit le type de vocation envisagé: « Tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, tout ce qu’il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, voilà ce qui doit vous préoccuper » (Ph 4, 8).

Publié dans Familles

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